LGL du Café de Paris, jeudi 10 septembre

jeudi 24 septembre 2015, par Webmestre

Du Café de Paris. Rentrée littéraire de Page Blanche

Ma mère me disait toujours  : « Pour les grands événements, n’oublie jamais de mettre tes habits du dimanche. »
Ce soir, en habits du dimanche, je rejoins, Paule, Jacinthe, Fred, Franck G, Jacqueline R, Geneviève, Marie-Noëlle, Roselyne et Catherine, installés à la terrasse du Café de Paris .Catherine porte, tout comme moi, ses habits du dimanche. Une très jolie robe verte dans laquelle elle resplendit.
Nous descendons dans notre salle préférée, là où, tous les deuxièmes jeudis de chaque mois, le temps s’abolit en même temps que les bruits assourdissants du Monde.

JACINTHE

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee, aux Éditions Poche. Ce roman presque policier est paru en 1960. L’histoire est racontée par la petite fille d’un avocat chargé de défendre un Noir accusé de viol. Un récit très émouvant. Un témoignage du racisme dans une ville imaginaire de l’Amérique des années soixante. Fiction et d’autobiographie mélangées. Le succès du livre fut tel ( prix Pulitzer en 1961) que Harper Lee refusa d’en écrire d’autres.
La voix profonde et claire de Jacinthe lit la découverte de la neige par Scout et Jeremy, les enfants de l’avocat. Un émerveillement pour les enfants et la lectrice.
Le mockingbird est un oiseau protégé, symbole de la liberté en Amérique.Remarquable chanteur, il possède le don curieux de contrefaire le chant des autres oiseaux.

GENEVIÈVE G

Les livres prennent soin de nous de Régine Détambel aux Éditions Actes Sud. L’auteur est kinésithérapeute et formatrice en bibliothérapie. Elle préconise la littérature comme remède à nos douleurs. Un essai inspiré des travaux de Michel Petit. Par la musique des mots, le rythme des phrases, le toucher sensuel du papier, de leurs couvertures, les livres nous apaisent, façonnent un espace « à soi ». Lire des récits construits aide à retrouver sens à la vie. Ce qu’a mis en oeuvre Laure Adler dans le passage lu à haute voix.

Jardins de papier de Évelyne Block-Dano aux Éditions Stock. . Des écrivains possèdent un imaginaire lié à ces lieux de culture dans tous les sens du mot. Alors défilent Jean-Jacques Rousseau qui aime gratter la terre aux Charmettes, George Sand qui visite ses plantes, Christian Bobin et Modiano dans les jardins disparus de Paris,Colette qui « s’enracine à la Treille Muscate », ou à la Guimorais près de Saint Coulomb et dans la Maison de Rozven qui donne sur la plage de la Touesse. On y accède par le Chemin du Blé en herbe. Jardins de papier donne envie de mettre les mains dans la terre, de la respirer, de la dorloter, de lui parler. Des jardins refuges, au bord de la vie, au bord de la poésie.

PAULE et FRED

Ouragan de Laurent Gaudé aux éditions Actes Sud ou en Poche. L’auteur bouleversé par la catastrophe provoquée par l’ouragan Katrina, met en scène des personnages de La Nouvelle-Orléans. Dans un décor d’apocalypse, on suit les destins croisés de différents personnages. Réapparaît toujours celui de Joséphine Line, une vieille dame noire presque centenaire. Elle porte en incantation, tout au long du roman, la rage et la colère en même temps que le drapeau américain dont elle se couvre les épaules. On assiste aussi à la folie meurtrière d’un révérend qui préfère aider au drame plutôt que de renoncer à sa foi. L’invasion de la ville par les alligators tient de l’allégorie dantesque. Le dernier livre écrit par Laurent Gaudé est Danser les ombres, prix des Lecteurs en 2015.

ROSELYNE

La route sombre aux Éditions Flammarion de Ma Jian, un auteur chinois en exil à Londres. Son roman est fondé sur des faits réels et avérés. Il se déroule au cœur de la Chine sur un chemin de poussière rouge qui nous conduit dans les réalités de la Chine profonde et rurale, là où sévit la politique de l’enfant unique, là où les femmes sont réduites à leurs ventres interdits. Un ouvrage bouleversant, violent, hallucinant dont on ne ressort pas indemne et qui nous habite longtemps après l’avoir refermé.

JACQUELINE R

Bohumil Habral est un écrivain tchèque interdit de publication de 1970 à 1976 puis de 1982 à 1985, Une trop bruyante solitude. Un titre attractif évoqué au mois de juin… Ce soir de rentrée c’est La chevelure sacrifiée qui passe de mains en mains, parue aux Éditions L’Imaginaire chez Gallimard. Une jeune femme fantasque aux cheveux longs, très longs raconte le quotidien de sa vie de femme qui se déroule près d’une malterie et qui un jour raccourcit ses cheveux.

FRANCK C

Marcher ou l’art de mener une vie déréglée et poétique de Tomas Espedal, écrivain norvégien, aux Éditions Actes Sud. Un beau jour Tomas sort de chez lui et poussé par une envie soudaine il décide de poursuivre sa route. Une escapade physique et mentale en quête de plaisirs simples. Le narrateur se laisse guider par ses pas, sans feuille de route. Marcher, penser, rêver, sentir, raconter. Un hymne au laisser-vivre. On le rapproche de Jean-Christophe Ruffin qui parcourut le Chemin de Compostelle.

Toujours là avant l’heure, il n’est pas au bar. Il ne viendra pas.
La rentrée littéraire de Page Blanche se fait sans Monsieur Serge.

Au 15 octobre. Même heure, même endroit. D’ici là, belles lectures à tous.

Jacqueline M.