La nuit s’installe tranquillement

lundi 16 novembre 2015, par Webmestre

La nuit s’installe tranquillement alors j’ai fermé les volets, la maison douillettement s’est calfeutrée, il y a un feu dans la cheminée qui crépite allègrement, un CD d’ Eivor tourne en boucle sur la chaîne hi-fi, une délicieuse odeur de pain chaud embaume le salon, un carré de chocolat (noir praliné noisettes) à portée de main attend mon bon plaisir et mes doigts courent sur le clavier (enfin juste deux !), voilà tout est réuni pour que nous passions ensemble un joli moment, c’est une soirée d’automne et je vais vous conter une histoire, installez vous confortablement, fermez les yeux, oui je sais ce n’est pas facile pour lire mais faites un petit effort, juste pour vous mettre dans l’ambiance...
Vous êtes là avec moi...vous sentez la chaleur du feu sur votre visage ? Et cette odeur de pain chaud vous titille les narines non ? Un carré de chocolat est peut être en train de fondre délicatement dans votre bouche...Vous entendez quelques notes d’une ballade, juste en léger fond sonore... Voilà fermez les yeux... Laissez vous aller, c’est un conte porteur d’espoir !
Mais chut !... Écoutez...
C’est l’histoire d’un petit oiseau. Tout petit. Minuscule. Il a une petite tête, des petits yeux, des petites pattes, des petites ailes, des petites plumes, des petites griffes, une petite voix. Il vit sur un arbre gigantesque, enraciné profondément dans l’humus de la terre. Le petit oiseau mange dans l’arbre, il boit dans l’arbre, il rêve dans l’arbre, il dort dans l’arbre, il vit dans l’arbre. L’arbre, c’est sa maison.
Un matin, tout au bout de la forêt du grand nord, le vent se lève. Le vent s’enroule dans un manteau de colère. Le vent s’enroule dans un manteau de tonnerre. Le vent s’enroule dans un manteau d’éclairs, de mystère. L’orage se prépare. L’orage roule, roule, roule au-dessus de la forêt. Il arrive au-dessus du grand arbre. Et crac !
L’orage tombe sur le grand arbre. L’orage s’en va. L’arbre est en feu.
Tous les animaux de la forêt s’enfuient. Tous. Le petit oiseau, lui, garde son calme. Il vole, il vole, il vole. Il va à la rivière.
« Mais qu’est-ce que tu fais, petit oiseau ? Tout est fini ici ! Sauve-toi ! Il n’y a plus rien à faire, tout est perdu ! Viens avec nous ! »
« Je fais ma part... Je fais ma part... »
Le petit oiseau arrive à la rivière. A la rivière, il prend une petite goutte d’eau minuscule dans son bec. Il vole, il vole, il retourne près de l’arbre en feu. Au-dessus de l’arbre en feu, il laisse tomber une petite goutte d’eau minuscule. Pshhhuuuuuut ! La petite goutte d’eau est engloutie illico presto par le monstre de feu.
Le petit oiseau lui, garde son calme. Il vole, il vole, il vole. Il va à la rivière. A la rivière, maintenant, il y a trois petits oiseaux minuscules.
Les petits oiseaux prennent une petite goutte d’eau minuscule dans leur bec. Ils retournent près de l’arbre en feu. Au-dessus de l’arbre en feu, ils laissent tomber trois petites gouttes d’eau minuscules. Pshhhuuuuuut ! Les trois petites gouttes d’eau sont englouties illico presto par le monstre de feu.
Les trois petits oiseaux gardent leur calme. Ils volent, ils volent, ils vont à la rivière.
« Mais qu’est-ce que vous faites, petits oiseaux ? Tout est fini ici ! Sauvez-vous ! Il n’y a plus rien à faire, tout est perdu ! Venez avec nous ! »
« Nous faisons notre part... Nous faisons notre part... »
A la rivière, maintenant, il y a cent petits oiseaux minuscules.

Les cent petits oiseaux prennent chacun une petite goutte d’eau minuscule dans leur bec. Ils retournent près de l’arbre en feu. Au-dessus de l’arbre en feu, ils laissent tomber cent petites gouttes d’eau minuscules. Pshhhuuuuuut ! Les cent petites gouttes d’eau sont englouties illico presto par le monstre de feu.
Les cent petits oiseaux gardent leur calme. Ils volent, ils volent, ils vont à la rivière.
« Mais qu’est-ce que vous faites, petits oiseaux ? Tout est fini ici ! Sauvez-vous ! Il n’y a plus rien à faire, tout est perdu ! Venez avec nous ! »
« Nous faisons notre part... Nous faisons notre part... »
A la rivière, maintenant, il y a cent mille petits oiseaux minuscules.
Les petits oiseaux prennent chacun une petite goutte d’eau minuscule dans leur bec. Ils retournent près de l’arbre en feu. Au-dessus de l’arbre en feu, ils laissent tomber cent mille petites gouttes d’eau minuscules. Pshhhuuuuuut ! Les cent mille petites gouttes d’eau sont englouties illico presto par le monstre de feu.
Les cent mille petits oiseaux gardent leur calme. Ils volent, ils volent, ils vont à la rivière.
« Mais qu’est-ce que vous faites, petits oiseaux ? Tout est fini ici ! Sauvez-vous ! Il n’y a plus rien à faire, tout est perdu ! Venez avec nous ! »
« Nous faisons notre part... Nous faisons notre part... »
A la rivière, maintenant, il y a un million de petits oiseaux minuscules.
Les petits oiseaux prennent chacun une petite goutte d’eau minuscule dans leur bec.
Ils retournent près de l’arbre en feu. Au-dessus de l’arbre en feu, ils laissent tomber un million de petites gouttes d’eau minuscules.
Maintenant le feu est presque éteint. Il reste une petite brindille rougeoyante.
Le petit oiseau lui, garde son calme. Il vole, il vole, il vole. Il retourne à la rivière. A la rivière, il prend une petite goutte d’eau minuscule dans son bec. Il vole, il vole, il revient près de l’arbre. Il laisse tomber une petite goutte d’eau minuscule sur la brindille rougeoyante.
Pchhhhhh... le feu est éteint.
Le petit oiseau minuscule, il a fait sa part. Il a fait sa part.
※※※
Colibriment vôtre Roselyne
1-Eivør Pálsdóttir est une chanteuse et auteur-compositeur-interprète féroïenne. 2-« Le petit oiseau, conte traditionnel » Chantal Dejardin « le fil des murmures »