Texte de Roselyne

vendredi 20 novembre 2015, par Webmestre

Atelier du 7/11/2015

Et pourtant c’était une belle journée d’automne, il sentait au travers de la vitre le soleil lui piqueter le visage, il regardait d’un œil mélancolique le parc situé juste en bas, il entendait les cris de joie des enfants sur les balançoires et les tourniquets, les feuilles rousses et racornies tournoyaient mollement avant de s’échouer sur les pelouses. Il poussa un énorme soupir, un de ceux qui peuvent fendre les âmes et envoya un coup de pied rageur dans le mur, la légère console posée juste à coté tangua dangereusement sur ses pieds, il retint sa respiration le temps que les fragiles porcelaines de chine retrouvent leur équilibre puis souffla de soulagement, ce n’était pas la peine d’aggraver son cas, sa mère étant déjà dans une rage folle, elle devait d’ailleurs être en ce moment en train d’imaginer une sanction à la hauteur de son forfait !
Il s’affala au travers d’un voltaire et ricana de contentement, oui il lui avait piqué son sac neuf en croco, l’avait vidé et muni d’une paire de ciseaux bien aiguisée l’avait découpé, cisaillé, déchiqueté , réduit en charpie, et avec quel plaisir il avait fait subir le même sort à cet essuie-lunette en tissu si précieux ramené d’un pays exotique par cette « vieille peau » de Marlène, amie très chère de ses parents, ensuite il était allé farfouillé dans la salle de bain, avait ouvert toutes ses crèmes de beauté, si « fabuleuses » et il avait touillé, mélangé, malaxé les contenus avec une vieille lime à ongles en carton qui n’avait pas résisté et avait laissé d’horribles traces.
Toujours vautré dans le voltaire il hoqueta de rire en repensant au paquet de bonbon, sa mère en raffolait et en achetait par kilos, il les avait tous sucés, mâchés et recrachés au quatre coins de la chambre puis il avait terminé par le tube de rouge à lèvres, il avait choisi un rouge écarlate, le préféré de sa mère car il lui faisait disait elle la bouche pulpeuse et il l’avait écrasé encore et encore et étalé soigneusement sur le couvre-lit de satin blanc.
Là, consigné dans le salon en attente du verdict, il sentait encore cette rage bouillonner dans son ventre comme un petit chaudron en ébullition
Menteuse, sale menteuse
Comment avait elle pu lui faire cela, alors que le matin même elle était à ses cotés, tout sourire pour l’aider à rédiger sa lettre au père Noël et quelques heures plus tard sa sœur ayant été chargée de poster le courrier lui avouait avoir jeté sa lettre parce que

LE PERE NOËL N’EXISTAIT PAS !

Il se recroquevilla dans le fauteuil, une larme roulait sur sa joue, non plus jamais il ne ferait confiance aux adultes !