Textes de Stéphane

vendredi 3 mars 2017, par Webmestre

Texte sur l’écriture d’Eric Pessan.

Un évènement exceptionnel se produit, un groupe, un village se rassemble…

Un grand bruit se détache, un vrombissement sur ce bout de terre accroché à la montagne
Jeanne dans le jardin est étonnée que son chat n’accoure pas vers elle
elle le sait pourtant que les animaux ressentent bien avant nous ces ondes là vraisemblablement par le sol… elle pense : si nous marchions à quatre pattes ressentirions-nous aussi fort qu’eux les vibrations du sol ? Minet est pelotonné dans la grange il ne miaule pas il est aux aguets
et il se cache pas de Jeanne sa maitresse certainement pas, il est terrorisé !
elle pense Jeanne que c’est vrai dans la télé ce bazar pas dans son jardin !
et pourtant Fernand voit hébété, courbé, muet, son balcon du premier étage étalé sur le sol poudreux et sa maison raccourcit d’un étage …ah ça fait un grand choc schlouffff le bruit sourd fait voler la neige
Georgette regarde son bol émietté son café jonché marbre la tommette
elle est figée comme une photo sur papier glacé d’un reportage digne d’un Paris-match
là-bas monsieur le curé, le père Gablin rassemble ses idées et ses ouailles il voudrait réussir à formuler des paroles rassurantes parce que « si Dieu existe » … ça va bien s’arranger sans dommage corporel, ça, il l’espère de tout son coeur, il plisse les yeux et voudrait réussir à prier, y’a que des jurons « nom de Dieu » … il ne peut pas s’en empêcher parce qu’il a eu peur, le père Gablin !
sur la place ou ce qu’il en reste Monsieur le maire constate les pilonnes à terre, l’obscurité du village à présent calme feutré atone jusqu’à ce que les secours ébruitent des sirènes sur l’autre flanc de la montagne…
Jacques le chef des pompiers, a les jambes en coton, les mains sur les hanches et la bouche aphone, rien, aucun son ne lui sort de la gorge …et pourtant il en a vu des sauvetages en montagne ! il allait s’engager sur ce pont qui s’est affaissé d’un coup, il constate avec ses collègues : les pierres en domino sous l’arche du pont en lambeaux et les arbres couchés sur le dos comme dans une pouponnière, celle esseulée du village d’en face, village divisé, écartelé… celui là même qui a perdu le faisceau de la vallée.

Stéphane . Chenêdet Page Blanche Février 2017.

Les 13 mots de Valentine.

Ton métier t’a fait traverser les mers, les océans, sillonner les contrées, survoler les plus beaux endroits du monde.
Tout voyage déclenche en toi le processus : adrénaline, découvertes, rencontres, liberté.
Tu ne rêves plus d’une nuit d’hôtel aux draps de soie ou d’une nuit sans lendemain. Dans la symétrie du cercle du monde, tu viens de cibler l’importance d’un caillou tout à l’ouest balayé par les plus forts courants du grand ouest éclairé balisé autour du phare Kéréon :
Le Fromveur frise, râpe, ondule, tangue la barque du passeur et se glisse, frôle et caresse la coque de fer…
Ton regard est au delà ; Du père, tu revois sa bonne bouille, sa moustache conquérante. A ton arrivée sur l’ile, comme à chaque fois les fourmillements te prennent et se mélangent l’humidité, l’émotion, l’iode. En secret, s’échouent les odeurs d’enfance du jaune mimosa, à la couleur des boutons d’or … A l’ombre de la naissance de ton cou, ta soeur place la fleur du bouton d’or « Est ce que t’ aimes le beurre ? » répète-t-elle et à la manière de « pistache la tache » le pollen jaune finit … sur ta bouche rieuse. Tu récites les combinaisons secrètes dont vous seules, ta soeur et toi avez les codes pour éviter les gages idiots dispensés aux autres amis ou cousins. De cette période-là, tu gardes bien présente, dans ton carnet d’enfance, l’odeur de l’humus, ta soeur et toi cultivez ce parfum de l’insouciance. Tu veux la croire.
Elle doit t’attendre.