Jeudi 21 octobre 2021

mardi 21 décembre 2021, par Jacqueline Mottais

Quatre Audacieuses en GRANDE LIBRAIRIE à L’Audace

Pas nombreuses ce soir-là dans le joli salon de thé de la Grande Rue fougeraise dite Nationale. Décor précieux et raffiné, porcelaine de Saxe en étalage pour les TUCS à venir de Steph, lumière tamisée, canapés Louis XV et fauteuils voltairiens veloutés , dans lesquels on s’enfonce délicieusement pour tenir « société ».
On est pas là pour « badiner ».
Geneviève, Roselyne, moi, accompagnée d’un renfort parisien, Christiane, l’amie d’enfance venue me visiter.
Pas de Jurançon, du Chardonnay, deux galopins de bière fraîche et trois livres sur la table relookée de peinture ivoire.

Roselyne raconte ce qu’elle a moyennement aimé.
« Toutes les femmes sauf une » de Maria Pourchet, aux Editions Fayard, on est dans la défiance du corps humain et dans un portrait très tourmenté de la condition féminine qui commence à la maternité. La narratrice donne naissance à une petite fille, Adèle, selon les lois de la reproduction dans une lignées de mères-filles devenues des « machines à reproduire » qui souffrent, s’oublient et se vengent sur la génération suivante. Un livre très dur. Les mots employés sont des flèches libératrices.
Maria Pourchet a aussi écrit Feu, Les Impatients, Rome en un jour. Publiée le plus souvent chez Gallimard. On l’a vue récemment à La Grande Librairie du beau François, un mercredi soir. »

Geneviève raconte :
« Cairn pour ma mère » de Nicole Laurent-Catrice. Cairn : amoncellement de pierres sur une tombe. Chaque petit caillou évoque un souvenir et le tombeau s’élève de jour en jour, toujours plus haut. Un livre délicat, de petit format écrit pour toutes les orphelines de mère et toutes les mères du monde . A parcourir dans tous les sens. Une courte poésie au centre des pages. Une fenêtre-hublot sur la couverture pour voir dedans et plus loin que dedans, des moments de vie partagée sur des pierres entassées pour dire ce qu’une mère fut. Editions La Part Commune. »

Je raconte :
« Si vous voulez voyager dans le monde entier et apprendre pourquoi le Pacifique se nomme ainsi et pourquoi les Philippines se nomment ainsi, lisez Magellan de Stefan Zweig. Il raconte l’exploit réalisé par ce marin qui connaît tout de la navigation. Un homme ambitieux, plein d’une volonté à toute épreuve, plein de rêves romantiques, très dur et taciturne, parfois très violent. Il réussit à convaincre Charles Quint de soutenir le projet fou : trouver « el paso » qui permet de passer de l’océan atlantique à un autre océan que personne ne connaît.
L’auteur se passionne pour cet aventurier hors norme qui découvre au prix de sa vie le fameux détroit de Magellan et prouve que la Terre est ronde. Une aventure sans pareille qui se termine trois ans plus tard sur un vieux rafiot ramené par une vingtaine d’hommes en loques sur les 265 embarqués le 20 septembre 1519 à Séville.
« Une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et qu’un seul homme est toujours capable de transformer en réalité et en vérité ce qui n’était qu’une utopie... »
Cette phrase est la dernière du livre de la nouvelle traduction du récit de Stefan Zweig par Françoise Wuilmart. Editions Robert Laffont. Si vous préférez : version audio lue par Charles Berling sur l’application Magellan.

Lisez Jean Diwo, ajoute Christiane à tout cela. J’aime les romans historiques de cet écrivain qui nous apprennent toujours quelque chose de nouveau. La trilogie : Les dames du Faubourg, Editions Gallimard ou Les Violons du Roi et tant d’autres encore.

Il fait nuit dans la Grande Rue. Il me semble bien que le Beffroi, qui veille en rose ce mois-ci, a sonné la demie de 19 heures.

JM