Atelier du 4 mars 2022

samedi 19 mars 2022, par Caroline Lanos

Animé par Roselyne

1 - Lister 15 prénoms féminins
En choisir 2, les écrire sur 2 papiers et en passer un à son voisin-e de gauche et l’autre à celui-celle de droite.
Cela donne un prénom et un nom de famille ( possibilité d’enlever ou d’intervertir 1 lettre au nom de famille).
2 - faire le portrait physique et moral de cette femme (15mn)
Lecture
3 - thème de l’atelier : l’invisibilité (présentation du livre « ni vues, ni connues », le collectif Georges Sand donne à voir soixante-quinze femmes - aventurières, militantes, artistes, scientifiques…. qui ont marqué l’histoire sans qu’on le sache ou que l’on s’en souvienne).
Écrire la biographie de la femme au portrait, dire ce qu’elle a fait d’exceptionnel et pourquoi elle n’a jamais été reconnue. Une date de naissance est imposée par l’animatrice à chacun-e, le texte doit commencer par le prénom et le nom (45 mn).
Lecture.

Portrait

Léa Rose
Elle était grande pour sa génération, élancée. Elle aurait préféré être d’une taille plus moyenne mais la vie l’avait faite ainsi. Ses pieds étaient aussi trop grands, on aurait dit des pieds d’homme. Elle avait toujours bien du mal à trouver des chaussures élégantes à sa pointure. Elle portait avec élégance une chevelure gris- blanc et très bouclée qui faisait ressortir le bleu intense de ses yeux. Son prénom biblique l’avait toujours un peu dérangée, elle qui ne croyait en rien ainsi que ce nom raccourci par ses parents et par nécessité dans les années 40. Il lui avait sans doute évité une vie de déportation. Aujourd’hui, elle était vieille mais elle œuvrait toujours fermement et courageusement contre toutes sortes de discriminations. Elle avait toujours été très déterminée si bien qu’on la pensait autoritaire. Une image qu’elle continuait à donner afin de ne point avoir à dévoiler sa véritable personnalité faite de sensibilité et d’émotions.

Léa Rose en 1797

Léa Rose, pilait le mil en compagnie de quelques autres femmes de son âge.
La scène se passe au centre du village africain de Salembaoré au cœur du Burkina Faso, le pays de hommes intègres. Les femmes bavardaient en Moré à l’accent chantant. Leurs pagnes en wax colorés et fleuris, leurs tête savamment enturbannées, donnaient à voir un spectacle charmant rempli des bruits du pilon, des cris des enfants à demi nus qui couraient autour des cases de la concession. La vie semblait tranquille au cœur de l’Afrique.

Pourtant, on entendait dire ici et là l’enlèvement brutal de certaines populations arrachées, par la force, à leur pays et transportées on ne savait trop vers quel pays par des hommes blancs.

Léa Rose, quant à elle, avait des préoccupations très importantes. Elle n’était pas mariée, n’avait pas d’enfant, ce qui lui avait permis de crée une association de défenses des droits féminins. Elle ne savait pas que bien des siècles plus tard la lutte continuerait et ne cesserait pas.

Léa Rose, le caractère bien trempé, se démenait pour sa liberté et celles de ses compatriotes. Sa révolte commença le jour où son père lui annonça qu’il lui avait trouvé un époux et que donc les deux familles se chargeaient d’organiser le mariage et quelle n’avait rien à dire à cela. La colère de Léa fut terrible, elle tint tête à son père, soutenue par les autres femmes du village. Sa mère silencieuse ne dit rien. Léa la pensa complice. Elle ne céda ni sous les coups, les privations, les menaces paternelles d’enfermement les plus cruelles.

Depuis ce jour, Léa était devenue un exemple pour les autres jeunes filles du village et son association compta très vite de nouvelles inscriptions. Elles luttèrent ensemble pour être respectées, libre de leur corps et de leurs âmes, libre de refuser les traditions violentes et mortifères que d’autres femmes appliquaient aux petites filles.
Léa Rose une jeune fille noire, très belle, lutta pour le droit des filles et des femmes en Afrique noire en l’an 1797. Sa véritable histoire resta pendant des siècles derrière les murs de la concession familiale.
Ni vue, ni reconnue
JM

Loriane Victoire est née en 1918, juste après la Première Guerre Mondiale. Elle a eu la chance de garder toute sa famille en vie malgré la guerre. Après sa naissance, sont nés deux petits frères : Léo et Jacques. Elle était très contente d’être grande sœur, car elle pouvait jouer à la maman. Elle aidait beaucoup sa mère dans les tâches domestiques. Sa vie jusque-là était douce et joyeuse. Elle se découvris un talent pour le dessin. Dès qu’elle avait un moment libre, elle dessinait ce qu’elle voyait ou ce qu’elle imaginait. Ses dessins étaient d’une qualité exceptionnelle.

Cependant, son frère Jacques était le vilain canard de la famille, il était médiocre dans tout ce qu’il entreprenait. Il ne supportait pas de voir sa sœur exceller. Cela le mettait dans une colère noire qui se transformait en une rage folle, il se mettait alors à détruire tous les dessins de sa sœur. Et dans ses pires moments, il courait après elle afin de la frapper violemment.

Loriane était tellement apeurée, traumatisée qu’elle cessa de dessiner, elle s’arrêta de grandir, perdit du poids afin de pouvoir se cacher n’importe où et surtout se faire oublier de l’autre afin de ne pas réveiller sa colère. Elle choisissait ses vêtements pour qu’ils soient les moins voyants possibles, elle choisissait ses chaussures afin qu’on ne l’entende pas marcher, et sa voix se transforma afin qu’elle soit douce, presque silencieuse. Sa créativité avait été enfouie au plus profond d’elle, au point qu’elle avait oublié qu’elle avait pris tant de plaisir auparavant à dessiner.

Laetitia