Jeudi 10 mars 2022

samedi 19 mars 2022, par Jacqueline Mottais

La Grande Librairie dans les salons littéraires de l’Audace

« 18 heures ! La porte est fermée à clé. Pas de lumière dans la grande salle. Elle s’est trompée de jour ? Pourtant c’est bien jeudi aujourd’hui, le deuxième du mois ? Elle doute. Elle panique. C’est alors que Stef vient ouvrir et qu’apparaît une grande table en diagonale, Elle compte. Vite. Dix-sept personnes autour et là, comme un éclair « RENCONTRE PAGE BLANCHE, autour des livres mettant en lumière des femmes ». Elle a lu cela au début du mois, page 17 du livret PRINTEMPS DES FEMMES ET DES FILLES. Depuis, elle a mangé la consigne sur toute la ligne. On ne lui a pas dit leur seule présence dans le bar. Aurait-elle dû y penser ? «  Ce qu’il faut de nuit » c’est l’histoire d’un père qui élève seul ses deux fils. Pas du tout dans le thème. Hors sujet ! Tant pis, elle en parle tout de même, de ce livre bouleversant. La « Moman » est une femme invisible mais tellement présente. Elle était vue et reconnue. Cela arrive et dans son invisibilité, elle est toujours vue et reconnue.  »

Peu de livres pour tant de monde. Des silences. Longs. . .

« Moi, Malala, je lutte pour l’instruction des filles et contre les Talibans » au Pakistan. Elle a élevé la voix Malala et elle proteste pacifiquement sous les menaces et les blessures subies au cours d’un attentat. En 2013, elle a 16 ans, on lui attribue le prix international des enfants pour la paix. A lire ou à relire l’histoire héroïque de cette jeune fille.

Gisèle Halimi, Le lait de l’oranger, un récit autobiographique, une plaidoirie de l’avocate célèbre pour changer le monde. Militante féministe et femme politique : Choisir la cause des femmes, un mouvement créé avec Simone de Beauvoir dans les années 60. Elle a secoué l’Histoire par des combats difficiles qui résonnent encore aujourd’hui. Elle a « changé » la vie des femmes et des filles. Nos vies !

Fabienne Juhel, Le festin de Hyènes un livre récent paru en 2020 aux éditions du Rouergue. Au Malawi, une tradition veut que les vierges soient déflorées par des hommes que l’on appelle les hyènes. Ce livre raconte l’histoire d’Elia et d’un homme hyène qui se découvre malade du SIDA.

Marjane Satrapi, PERSEPOLIS en quatre volumes, je crois. Une BD autobiographique qui raconte la jeunesse de la jeune fille pendant la révolution islamique en Iran et l’Europe des années 80.

Les conversations se délient et vont bon train. Chacune, chacun, a un souvenir, une anecdote à raconter sur la condition féminine de son époque, le salaire d’appoint, le nom à garder, le travail de nos grands-mères ou de nos mères. Autant de choses dites tout simplement et poétiquement dans le livre de Nicole Laurent-Catrice « Cairn pour ma mère ».
On se souvient de Kriss, cette journaliste de France-Inter, de ses animations du dimanche après-midi et de A cœur et à Kriss. Elle nous faisait « toucher » et « voir » les hommes et les femmes de France dont on ne parlait jamais.

La soirée s’étire tandis que la nuit voile la Grande rue. Chacun, chacune s’en retourne vers des vies connues, reconnues ou pas, vers des vies à mener quoi qu’il en soit, des vies dont il faut goûter la légèreté et la grâce dans le simple fait d’exister.

Au jeudi 14 avril, même endroit, même heure. D’ici là, belles lectures.

JM

Oups ! Elle allait encore oublier quelque chose : Lisez, « Ce qu’il faut de nuit » de Laurent Petitmangin. Edition Poche. Vous trouverez dans ce livre bouleversant une souffrance « de père-mère », une colère, une résilience, une solitude, ni vues, ni reconnues.