Ecrire avec Fabienne Juhel

dimanche 15 mai 2022, par Caroline Lanos

1. Ecrire un texte commençant par "comme une image" et contenant le plus de titres possibles des livres de Fabienne Juhel.

Comme une image, sage comme une image disait ma mère en me regardant d’un air sévère, et elle insistait lourdement « une petite fille doit être sage comme une image », c’est vrai j’étais une petite fille mais je n’étais pas sage bien au contraire j’étais rebelle à toute discipline et j’adorais faire les quatre cents coups avec mon ami, Julius aux alouettes. Ma mère m’obligeait à rester assise sur la chaise numéro quatorze, persuadée que celle-ci finirait par me faire devenir raisonnable, obéissante, douce ou même vertueuse et modeste comme les filles du siècle dernier.
Peine perdue, assise bien droite, à la verticale de la lune (tout un chacun connaît l’influence bénéfique de l’astre de la nuit sur le comportement des petites filles, n’est-ce pas ?), je m’adonnais à la rêverie et préparais ainsi mes prochaines escapades dans les bois dormants.
J’y retrouvais mes compagnes, nous avons écarté de notre clan les hommes sirènes, des garçons qui jouaient avec le feu et rêvaient d’éteindre des incendies. Dans notre repaire, à l’angle du renard, nous étions un peu comme les oubliés de la lande et nous fomentions nos mauvais coups avec allégresse. Ainsi nous allions traquer la femme murée, la terrible, l’épouvantable, celle qui amène l’effroi et la terreur ayant la mâle-mort entre les dents. Nous ne sommes pas de ceux qui vont mourir, nous n’avons peur de rien, la couardise n’est pas de notre ressort, nous sommes vaillantes et, comme à chaque fois, nous fêterons notre victoire par un immense festin des hyènes.
Roselyne

Comme une image tremblotante, les nuages passant à la verticale de la lune se reflétaient à la surface de l’eau, créant des formes monstrueuses ou connues sur l’étang. Tout autour, les Bois Dormants du sommeil du juste montaient la garde à leur façon.
Entourant les bois, un muret de pierres sèches bâti par les anciens délimitait le territoire des Hommes Sirènes, ces hommes chargés d’alerter la population en cas de danger. Le muret formait un quadrilatère dont chacun des quatre angles avaient un nom spécifique. Ainsi, à l’Angle du Renard, on trouvait de nombreux terriers, enfin des trous qui constituaient autant de pièges pour les éventuels assaillants.
À la dernière attaque des Anglais, nombreux ont été ceux qui, en sentant le sol se dérober, se sont écriés "Damned !".
C’est que le territoire protégé par les Hommes Sirènes faisait envie à de nombreux groupes. Et pourtant, pendant longtemps ce territoire avait vécu tranquille, enfermant en son sein les Oubliés de la lande, ceux qui avaient échappé au Festin des Hyènes, ainsi que l’on appelait cette guerre meurtrière ancienne.
Cette guerre avait commencé quand le prince "Julius aux alouettes", appelé également le "prince de la la chaise numéro 14" du fait de son trône, avait voulu délivrer la femme murée dans la Tour noire. Cette guerre avait fait de nombreuses victimes, non seulement les soldats, appelés aussi "ceux qui vont mourir", mais également dans la population civile, car, avec les maladies liées aux cadavres en putréfaction, de nombreux paysans, artisans, citadins avaient péri de la Mâle-mort entre les dents, cette fièvre hémorragique.
Mais cela, c’était dans les temps anciens ; de nos jours, le territoire n’est plus convoité que par les promoteurs immobiliers.
Marc

2. Consigne inspirée par "la femme murée". Que dit la mer ?

Elle dit : quel bleu me va le mieux ? Le bleu outremer ou le bleu océan ?
Elle dit : ma palette de couleurs est infinie, elle varie en fonction de mon humeur.
Elle dit : l’écume est mon voile de douceur, je la roule et la déroule avec beaucoup de tendresse.
Elle dit : je suis bienveillante, j’aime quand les enfants jouent dans mes vagues, leur joie me ravit.
Elle dit : parfois je peux me mettre en rogne, de concert avec le ciel je m’agite en remous monstrueux.
Elle dit : j’ai envoyé par le fond nombre de capitaines et d’équipages qui se sont aventurés surmes flots un jour de tempête .
Elle dit : on raconte sur moi de fabuleuses histoires, dans mes abysses profondes, je cacherais des sirènes envoûtantes, des créatures dévorantes, mythes ou réalités ?
Roselyne

La mer, elle dit le chuintement des vagues se délitant sur la plage, puis la succion du sable quand elle se retire.
Elle dit le fracas et le tonnerre quand elle se précipité sur les rochers et les falaises les nuits d’orage.
Elle dit, avec le poète, les voyages au long cours : "Combien de marins, combien de capitaines, partis pour des courses lointaines...".
Elle dit son humeur sombre à cause des marées noires qui lui donnent des idées de la même couleur.
Elle dit les heures passées à la barre avec le vide autour de soi et le ciel comme toit.
Elle dit la houle qui déboule et fait valser les petits bateaux qui n’ont pas de jambes.
Elle dit "terre !" avec la vigie quand elle aperçoit la côte.
Elle dit "accompagnez-le" aux dauphins qui escortent le voilier.
Elle dit "touché-coulé" à l’iceberg qui rencontre le Titanic.
Elle dit pas "le plastique c’est fantastique" quand elle voit les îles constituées de sacs du même métal.
Elle dit "n’y allez pas" aux coquilles de noix surchargées qui veulent aller de l’autre côté
Elle dit la détresse des ours blancs perdus sur les glaçons du Nord.
Elle dit "À la fin, c’est moi qui gagne !".
Marc

3- haïkus du soir autour des chats

Pattes en l’air
Nez frémissant
Papillon

Fraîcheur matinale
Subtile rosée
Chat humide

Chat noir égaré
Foyer déserté
Ou est mon âme ?

Bruissement feutré
Tourterelle envolée
Mistigri dépité

Miaulement craintif
Feulement farouche
Félins toujours

Roselyne

Nuit sur les toits
les chats fixent la lune rouge.
Comment l’attraper ?

C’est l’heure du repas,
ronronne le chat câlin,
ouvre la boîte.

À la fenêtre,
un matou surveille la rue.
Bientôt midi.

En Iran, le chat repu dort
Un gros nuage passe
Toujours le chat dort

Quand le chien dort
le chat malin défile
Problème de genre ?

Le chien l’a dit
la nuit les chats sont gris
Mais le jour aussi.

Sur le seuil, le chat
L’homme découvre la souris
Merci du cadeau

Marc

4. Poème/Comptine en lien avec le temps

Un, c’est un matin chagrin
Deux, un déjeuner copieux
Trois, la lune sur le beffroi
Quatre, dans la pénombre du théâtre
Cinq, la météo cinq sur cinq
Six, à l’heure actuelle, elle est assise
Sept, à l’aurore s’envole l’alouette
Huit, attendez un peu la suite
Neuf un jour tu seras veuf
Dix, l’apéro à midi dix
Onze, un ciel couleur de bronze
Douze, à minuit, les pieds dans la bouse.

Roselyne

UN Avis de grain

DEUX Un temps hideux

TROIS Calme plat dans le détroit

QUATRE Écume d’albâtre

CINQ Ciel de zinc

SIX Le mortel Onassis

SEPT Dans le sacré transept

HUIT de l’ancien temple inuit

NEUF aux murs repeints à neuf

DIX nettoyés des siècles d’immondices

ONZE dans la lumière bronze

DOUZE offre à sa douce d’étincelantes perlouzes.