Atelier du 19 novembre 2022

dimanche 20 novembre 2022, par Jacqueline Mottais

Atelier du 19 novembre 2022 

Les Arbres par Jacqueline

Arbres de la ville Arbres fruitier
Le marronnier Le cerisier
Le saule et le cyprès Le poirier et Le pommier
Le sapin Le noisetier et le néflier
Le Magnolia et tilleul Le pêcher et l’abricotier
Le cerisier japonais Le prunier
Le frêne L’oranger
Le bouleau Le bananier
Le charme et le tremble Le dattier et le manguier
L’épine et le chêne

Texte en forme de dialogue

- Bonjour dit le néflier au noisetier qui s’étire, t’as bien dormi ?
- Pas du tout, répond le noisetier, ces chats sont assommants à la fin !
- Ne m’en parle pas des chats, ils viennent toutes les nuits, sur leurs pattes de velours et alors que j’te griffe mon tronc et que j’te griffe mon tronc jusqu’au sang !
Moi aussi je sors les griffes mais même pas impressionnés, les matous !
- Dis donc, c’est de la maltraitance ça, dit le noisetier réfléchissant, tu devrais porter plainte. Y’a des numéros de téléphone pour ça maintenant.
- Oui, je sais.
- Moi, j’ai d’la chance, les écureuils sont doux comme du papier de soie, alors je les laisse se gaver. Ils font des réserves pour l’hiver.
- T’es vraiment gentil toi.Tu sais , moi aussi je donne des fruits, faut qu’ils soient blets pour qu’on les mange, c’est pas du goût de tout le monde. Le plus souvent tout est perdu, c’est frustrant.
- Ecoute, on n’va pas trop s’plaindre quand même, on est là dans un beau potager, plein sud, sur une jolie haie couverte de muscaris bleus puis tous les jours y a une vieille dame qui vient nous dire : « Alors , les arbustes, on va bien aujourd’hui ? » Elle encourage ses salades piquées en rang d’oignons, les fraises rougissent en la voyant arriver, j’crois qu’elle les intimide, elle a une collection de pivoines, roses, blanches, rouges. C’est divin et ça fait chaud au cœur toutes ces couleurs.!
- C’est vrai, on aurait pu plus mal tomber donc on est content, hein ? Moi aussi j’aime bien les visites de la vieille dame. Pas indifférente au moins et ça n’a pas de prix. Elle s’y connaît en cultivement. En plus elle est sincère, tu vois, parce que dans le langage des fleurs la pivoine, c’est le symbole de la sincérité.

La-dessus, les deux amis fermèrent leurs yeux d’arbre et s’abandonnèrent délicieusement étalés, à la fraîcheur de l’aube naissante.

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Samedi 19 novembre 2022

Lettre d’intérieur à toi, mon très cher Châtaignier,

Je suis au quatre cents coups ! La radio vient d’annoncer que désormais on pourrait orthographier ton nom sans l’accent circonflexe qui trône au-dessus de ton premier « a ».
La révolte gronde en moi qui me demande quel est celui ou celle qui a pu réfléchir à une telle ineptie. Je soupçonne les Académiciens mais n’ai pas de preuves.
Cet accent est ta couronne royale, la preuve de ton appartenance à une glorieuse lignée nourricière de nos familles gourmandes de tes fruits brillants, lisses et doux.
Ah ! Que je t’aime pour tes châtaignes bouillies toute chaudes, recouvertes d’un épais lait ribot ! Elles font nos repas du soir au coin du feu de la cheminée.
Que je t’aime pour tes châtaignes grillées à la peau fendue d’un coup de couteau acéré afin qu’elles n’éclatent point et se s’échappent de l’’harrassoire au long manche usé.
Que je t’aime pour le monde magique qui t’habite, pour les corbeaux menaçants, pour les pigeons et le coucou qui niche dans un trou de ton tronc, pour les mésanges et les merlettes, pour les rouge-gorges, pour la musique de tes feuilles sous le vent taquin.
Que je t’aime pour la force de ta présence, pour les énigmes de ton univers clôt, pour les histoires des siècles passés que tu me racontes si bien lorsque , les yeux fermés, je m’adosse le long de ton corps rugueux.
Que je t’aime pour les heures de lectures passées sous tes branches ombreuses accueillantes et généreuses.
On enlève ton accent, on te découronne, on te dégrade, on t’humilie, on te fracasse et ton charme disparaît, tu t’éteins, tu t’étioles, et ne dis plus rien. Tu meurs parce qu’on t’assassine.
Je t’aime moi pour cet accent-là qui fait de toi une maison royale aux portes ouvertes à tant d’emplumés qui se chamaillent tes douces branches recouvertes de mousse.
On ne t’enlèvera point ce chapeau pointu, ta légion d’honneur, ta croix de guerre, ta rosette. Je me charge de guerroyer pour toi mon doux ami, mon confident, même si je dois filer jusqu’à l’Académie sous la coupole !
Je me battrai jusqu’au bout, dussé-je le faire à coups d’épée sur le pré, afin que cet accent tu puisses garder.
Fidèlement, à toi mon cher et tendre.

Jacqueline