Atelier du 11 novembre

mercredi 11 novembre 2020, par Caroline Lanos

Consigne de Roselyne

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage....
(Joachim du Bellay)

1- notez quelques noms de créatures fantastiques sorties (ou non) de la mythologie grecque 

2 - Lorsque la guerre de Troie fut finie, Ulysse tenta de retourner dans son royaume. Mais la colère de Poséidon compliqua son voyage et le fit errer sur la mer pendant de longues années où il rencontra bien des embûches et eut bien des aventures.
Ulysse va rencontrer des sirènes qui tentent de le charmer par leurs chants, il va se battre contre le Cyclope, la nymphe Calypso va le garder prisonnier 8 ans, il va lutter contre la magicienne Circé qui change les hommes en animaux...
Hélas son calvaire n’est pas terminé car il va vous trouver, vous, sur sa route...
Imaginez que vous êtes une créature fantastique maléfique ... Racontez cet affrontement.

TEXTES

Ulysse qui pensait, en voyant les côtes d’ Ithaque, que son voyage prenait fin, ne s’imaginait pas qu’il devait encore vivre une épreuve avant de peut-être retrouver Pénélope et son fils Télémaque.
J’étais là entre la baie et la haute mer envoyé par Poséidon. Impossible d’accoster pour lui et ses marins. Ceux-ci étaient effrayés par mon aspect. Sorti à mi-corps des eaux, je les regardais de mes multiples yeux globuleux. Mes tentacules frappaient la mer faisant naître d’immenses vagues qui malmenaient leur bateau. Bouche ouverte, je leur montrai mon extraordinaire dentition et je crachai des jets d’acide. Les marins qui en étaient atteints , se roulaient sur le pont en gémissant de douleur. Je poussai d’horribles grognements qui les remplissaient d’effroi.
Seul Ulysse restait stoïque, il me regardait, me détaillait avec curiosité. Je compris que cet homme avait été confronté à de nombreuses aventures, que Poséidon avait dû l’exposer à toutes sortes de créatures qui rôdaient sut terre et sur mer. Ceci me mit en colère. Je m’approchai davantage du bateau en grognant encore plus fort, crachant mon acide. Le pont commençait à en être recouvert. Un marin se précipita à l’eau. Je l’attrapai au moyen d’une de mes tentacules, le fit voler en l’air et le gobai. Le goût en était délicieux. J’en roucoulai de plaisir. Mais pendant que je m’amusais avec ce marin, Ulysse avait pris une lance, je la reçus dans un de mes yeux. La douleur fut vive pourtant la perte d’un œil ne m’handicapait nullement j’en avais encore neuf autres qui fonctionnaient très bien. Je mordis le bastingage en emportant un morceau. Je reçus un énorme coup d’épée sur le dessus de la tête qui me fit saigner et m’étourdit un peu. Décidément cet homme n’avait pas peur de moi. Il était le premier. Il avait de nouveau une lance à la main. Je me reculai et je fus étonné par ma réaction : moi je reculais ?! J’abattis une tentacule sur le navire , arrachai le mat, la colère me submergeait et le mal de tête n’arrangeait pas mon humeur. La lance se planta dans mon torse, je hurlai en l’arrachant, le sang gicla jusque dans mes yeux.
Alors je décidai de retourner dans les abysses. Poséidon n’avait qu’à se trouver quelqu’un d’autre pour corriger ce malotru.

Françoise
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Circé lui avait parlé des sirènes. Il les avait bien rencontré et elles étaient loin déjà derrière lui, ces fameuses sirènes Aglaophème et Thelxiépéa. Il se félicitait de sa résistance et de son génie à parer la tentation.
Leurs noms resteraient dans sa mémoire et dans l’histoire. Il raconterait ça à sa descendance. Il l’écrirait aussi. Mais il lui fallait repartir, le chemin était encore long.
Il avait baissé la garde, fatigué de ce long voyage, le souvenir de sa chère épouse, la fidèle Pénélope lui donnait le vague à l’âme.
L’avait-elle attendu ? Il y pensait si souvent.
Combien d’épreuves auraient pu la laisser veuve ? Combien de routes empruntées auraient pu le surprendre, l’entrainer, détourner son chemin ?

Caché ...endormi ? Derrière la fontaine, j’aperçu ce corps d’homme.
N’est-ce pas cet Ulysse que Circé avait mis en garde ?
Que cherche-t-il encore ? Une bonne leçon ne lui ferait pas de mal.
J’allais m’amuser un peu de son arrogance et de sa suffisance.
J’arborais des pas de chat, mon habit d’invisibilité. Il se tourna, leva la tête, ne vit rien. Je sentais qu’il pressentait un piège. J’esquivais, me replia dans ma cachette. Je voulais qu’il prenne peur, qu’il rebrousse chemin. Je pourrais l’attirer vers d’autres subterfuges.
Capable de métamorphose, j’optais pour le chat, pour le ronronnement le long de son flanc... Puis me dis que la faim pourrait le tenailler après ce somme. J’allais lier ses jambes pour ne pas risquer la moindre fuite. Quelques victuailles laissées à coté de lui, les herbes qui les accompagnaient pouvaient le rendre docile et l’eau à profusion à ses pieds. J’imaginais cette cage dorée, lui à ma merci. Tentant ! J’avais l’avance qu’il ne connaisse ni ma présence ni ma vraie identité. Tout au moins, un obstacle supplémentaire.
Un brin ensorceleuse, l’élixir en plus le dompterait. Son endormissement m’agaçait, et le combat n’avait rien de bien motivant. Je fus presque soulagée lorsqu’un messager vint me quérir pour me missionner vers un autre combat. Je n’étais pas sure de réussir mes contrats, j’étais à l’essai et, j’allais très probablement me réorienter. L’époque des petits boulots allait être révolue. J’étais déçue et le mythe du héros de l’Iliade et de l’Odyssée, avait vieilli. J’allais vraiment devoir reprendre tous mes classiques.

Stéphane


Je hais Ulysse, ce matin plus que jamais. Ulysse aux mille ruses, Ulysse que tous les pièges divins tramés sur sa route n’ont pas empêché de retrouver les côtes d’Ithaque, Ulysse l’orgueilleux qui a préféré sa condition d’homme à l’immortalité offerte par Calypso. Ulysse dont je ne vois plus la trace ce matin et qui a déjoué mes plans.
Quand Pénélope m’a refusé dans la clique pourtant peu recommandable de ses prétendants, sous le prétexte que je n’étais pas un mortel – c’est une manie !- je suis resté avec mes vaillants Trumpétides au large de l’île, attendant mon heure. Pas tout à fait abandonné de l’Olympe, j’avais su qu’Ulysse allait arriver, finalement remis sur le chemin de sa chère Ithaque par ses amis Phéaciens.
Il fallait donc faire vite. J’ai ordonné aux Trumpétides d’élever un mur infranchissable autour de l’île. La force herculéenne que les dieux leur ont donnée en compensation de leur disgrâce allait servir ma vengeance à moi, Naldos, leur chef incontesté !
Ils n’ont mis qu’une nuit. Je voyais luire sous la lune leurs chevelures jaune orangé, agitées par le zèle et la hargne. A l’aurore – qu’un foutu poète dira aux doigts de rose – le vaisseau d’Ulysse est apparu, et ceux qui lui faisaient escorte sont repartis, sans voir, derrière la brume grise qui le cachait encore, le rempart cyclopéen, élevé par mes fidèles compagnons entre leur protégé et la terre bien aimée où il se croyait revenu. La brume dissipée, les marins de son bord ont réveillé Ulysse, éperdus à l’apparition de cette muraille qui les privait du but de leur mission et du retour tranquille vers le royaume d’Alcinoos.
Nous jubilions, mes terribles compères et moi, nous sautions de joie et nous congratulions, invisibles aux yeux mortels, debout sur la mer tranquille de notre victoire. Le navire glorieux qui croyait ramener chez lui Ulysse le magnifique, vainqueur de Troie et des monstres, cabotait lamentablement en rond. Il pouvait bien faire mille tours ! La lisse paroi au pied de laquelle il n’était qu’un pitoyable fétu flottant n’offrait aucune brèche, foi de Naldos.
Et ce matin plus rien ! Plus de mur, plus de navire, et Ithaque droite sous le soleil. Comment a-t-il fait ? Qui l’a aidé une fois de plus ? Maudits soyez-vous Trumpétides naïfs, et cette fête trop prompte où vous m’avez entraîné loin d’ici. Vous me frustrez de mon triomphe, de l’assouvissement de ma haine. À cause de vous surtout je ne saurai jamais ! Et le doute me taraudera jusqu’à la fin des temps. Quelle ruse ultime, quelle tricherie infâme ont permis à l’odieux Ulysse de se jouer de moi ?

Antoinette