Atelier du 11 janvier 2014

jeudi 6 février 2014, par Webmestre

Ca commence comme ça,
par un après-midi de juillet 1980 sur une plage du pays basque. Ecrasée de soleil. Des vagues en rouleaux géants explosent sur les rochers schisteux. Assise sur ma serviette bleue qui recouvre une rabane déchiquetée, livre à la main, fin prête à lézarder en me gavant de lecture. Je suis perdue dans la masse des vacanciers qui bronzent ou s’abritent sous leurs parasols multicolores. La plage bourdonne de bruits incompréhensibles.

Les MNS comme on dit sont à la manœuvre. Un grand blond. Un autre plus petit. Athlétique. Râblé. Brun. Comme un Basque. Comme un Gitan. Il quitte l’eau. Se débarrasse du filin passé autour de sa taille. Passe en courant près de moi. M’éclabousse. Ne me voit pas. Je le suis de yeux. Il repasse en sens inverse. Muni d’une bouée et d’une paire de palmes. Ne me voit pas. J’admire son dos de bronze luisant, musclé, en trapèze.
Je ne lirai pas.

Un inconscient gesticule sur un banc de sable entouré d’eau. Impossible de mettre un zodiac à la mer. Trop forte barre écumeuse. Assise sur ma serviette, je ne peux détacher mon regard du corps sculpté, beau comme celui d’ un dieu grec, qui se ceinture à nouveau du filin. Ses pieds glissent dans les palmes noires.
Viril, élégant, décontracté, efficace.
Séduisant.

Crawl impeccable. Il franchit la barre écumeuse qui gronde. Battements intempestifs de mon cœur. Surprise. Oh ! là !!!Brusquement, j’ai trop chaud. Mon ventre se tend sous le tissu du maillot Liberty. La brûlure du soleil.
Vite, la Nivéa !
Deux silhouettes entortillées du filin s’écroulent sur le sable.
A mes pieds.

Alors il me voit, le dieu grec. Me sourit. Triomphant. Très mec séducteur. Ses yeux de velours enjôleurs m’enlacent. Son corps sublimé par l’effort ruisselle d’eau salée emperlé de gouttes cristallines.

Illuminée. Subjuguée. Eblouie. Je lui rends son sourire. Béate.
Il est Tarzan. Je suis Jane.
La plage est vide
« A demain ! » murmure-t-il en se penchant pour enlever ses palmes.
Sûr de ses pouvoirs.
Ca commence comme ça…

JM- 11 janvier 2014